7 décembre 2005

Polytechnique

Hier, c'était le 16ème anniversaire de la tuerie de la Polytechnique.

Le 6 décembre 1989; je m'en souviendrai toujours.

Primo, j'étais à L'Après-Cours, le bar de l'UQAM quand Marc Lépine est entré à la Polytechnique. Évidemment, RDI et LCN n'existant pas, le DJ met la radio à CJMS et on écoute le déroulement de l'opération policière.

En se disant (erronément) que ç'aurait pu être nous.

Ce n'est que le lendemain que l'on a appris que toutes les victimes de Lépine étaient des jeunes femmes et que sa haine des femmes était ce qui motivait son geste. Ce n'aurait pas pu être moi, mais ça aurait pu être mes collègues féminines, mes amies.

Ensuite, dans les jours suivants, deux choses se sont produites.

Premièrement, je me suis demandé, comme plusieurs de mes amis masculins, qu'est-ce que j'aurais fait? Aurais-je réagi? (Autrement qu'en me jetant sous une table.)

Deuxièmement, il y a eu une sorte de climat accusatoire de tous les jeunes hommes. Nous étions tous, soit des Marc Lépine, soit des pleutres.

Secundo, j'ai eu l'honneur d'être le responsable des communications pour la commémoration du 10ème anniversaire de la tuerie de Polytechnique. C'est feue Thérèse Daviau (que j'avais connue en politique municipale) qui m'avait recommandé. Elle avait perdu sa fille Geneviève dans cette tuerie. Je lui serai toujours reconnaissant de son geste. Le fait que j'aie été un homme n'a pas penché dans sa balance.

J'ai eu l'occasion de voir de proche comment les amis et les familles des quatorze victimes vivaient cet anniversaire. Comment ils et elles (elles surtout) avaient travaillé fort au cours des dix années précédentes pour surmonter leur deuil et pour faire en sorte que leurs filles (blondes, soeurs, etc.) ne soient pas oubliées.

Elles s'appelaient Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik, Widajewicz, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte.

Juste un mot sur le fait que Jack Layton était à la cérémonie d'hier. Extrait d'un article sur cyberpresse.ca:

Parc du 6 décembre. La cérémonie commémorant la tragédie de Polytechnique, où 14 jeunes femmes ont perdu la vie en 1989, vient de se terminer.
(...)
Contrairement à la ministre Liza Frulla, également présente, le chef néo-démocrate quitte les lieux, l'air grave, refusant de parler aux journalistes. M. Layton était ici à titre personnel, répète son entourage, pendant que le cliquetis des caméras résonne autour de lui.

"Je garde le silence, a-t-il dit, sans son sourire caractéristique. Cette journée est celle des femmes qui nous parlent de la violence des hommes."
Il avait exactement le bon ton. Et dans son cas, on ne peut pas parler de récupération politique. J'ai connu M. Layton en 1999 à l'occasion du 10ème anniversaire. Son engagement dans ce domaine n'est pas nouveau.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Moi j'étais au «Village» dans ce même pavillon de l'UQAM, un étage plus haut si ma mémoire est bonne... Oui, on a vraiment tous eu cette même pensée à ce moment-là, «ç'aurait pu être nous».

À lire, le texte de Francine Pelletier dans le hors série de La Vie En Rose.

Jack Layton a tout mon respect pour son attitude, ce en pleine campagne. C'est tout à son honneur.