4 avril 2007

Les erreurs commises par les entreprises qui tentent de bloguer (2)

Dans cette série de billets, je me concentre sur les erreurs commises par les entreprises (et les associations, les partis politiques, les municipalités, etc.) qui approchent la blogosphère (et, plus généralement, les médias sociaux). Par courriel, on m'a mentionné que ça pourrait faire en sorte de faire peur à certains et de ralentir le fait pour ceux-ci d'approcher ce nouveau médium: on comprendra que ce n'est pas le but. Le but, c'est d'éduquer.

Donc, cette introduction étant faite, une autre erreur coûteuse que certaines entreprises ont faite est celle de donner l'impression de tenter d'acheter des blogueurs.

Je m'explique. Je pense que si vous avez un produit ou un service, il peut être intéressant pour vous d'approcher des blogueurs pour leur faire essayer. S'ils l'essaient, les chances sont bonnes qu'ils vont en parler sur leurs blogues. Pour ce faire, vous devez leur faire parvenir un exemplaire de votre produit ou leur permettre d'essayer votre service. C'est exactement la même chose que ce que l'on fait avec les médias traditionnels.

Cela étant dit, la contribution ne peut pas être démesurée. L'exemple le plus connu est celui de Microsoft. Pour s'assurer que des blogueurs puissent commenter la sortie du système d'exploitation Vista, il va sans dire qu'il faut que ceux-ci l'essaie. Là où le bât a blessé, c'est que Microsoft leur a dit que:

I’m working on getting some review PCs out to community bloggers, and wanted to include you. I’d love to send you a loaded Ferrari 1000 courtesy of Windows Vista and AMD. Are you interested?

This would be a review machine, so I’d love to hear your opinion on the machine and OS. Full disclosure, while I hope you will blog about your experience with the pc, you don’t have to. Also, you are welcome to send the machine back to us after you are done playing with it, or you can give it away to your community, or you can hold onto it for as long as you’d like.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que cela a causé un scandale duquel tous sont sortis perdants: Microsoft (voir cet article) et son agence de communications (voir ce billet) pour l'avoir fait et les blogueurs pour avoir accepté (voir cet article). Il faut dire que certains laptops envoyés valaient plus de 3000$ US.

Dans ce cas précis, ce que j'aurais recommandé dès le départ à Microsoft, c'est de a) dire aux blogueurs invités que l'ordinateur était un prêt et b) rendre public le fait que la démarche était en cours.

Microsoft a dû reculer comme en témoigne ce deuxième courriel envoyé aux blogueurs invités:
As you write your review I just wanted to emphasize that this is a review pc. I strongly recommend you disclose that we sent you this machine for review, and I hope you give your honest opinions. Just to make sure there is no misunderstanding of our intentions I’m going to ask that you either give the pc away or send it back when you no longer need it for product reviews.
Maintenant, comment appliquer cette stratégie dans d'autres domaines? Pourquoi ne pas faire un visionnement de film pour des blogueurs? Je vais prendre l'exemple de À vos marques... Party! parce que a) le film a un blogue et b) le public cible est jeune et c) mon amie Martine est la coscénariste.
  • On sélectionne un certain nombres de blogueurs dans le public cible.
  • On les invite à un visionnement privé une couple de jours avant la première (le dimanche après-midi, spécifiquement).
  • Plus tard le même jour, on met un billet sur le blogue du film pour raconter la comment ça s'est passé et en nommant les blogues qui ont été invités et qui se sont présentés.
  • Au fur et à mesure que les jeunes font leurs critiques sur leurs blogues respectifs, on les cite et on les commente (qu'elles soient positives ou négatives).
  • En parallèle, tout autre commentaire, au sujet du film, fait sur d'autres blogues sont aussi mis en ligne.
D'autres suggestions?

Voir tous les billets dans la série.

3 commentaires:

Martine a dit...

Bonne idée pour le visionnement de film réservé aux blogueurs, mais il faudrait convaincre les distributeurs que l'aventure pourrait être rentable et ça, c'est pas évident. Réserver un cinéma, publiciser le tout, préparer une copie du film, etc, tout ça peut coûter plus cher qu'on ne l'imagine.

marcsnyder a dit...

Est-ce que ça a des coûts? Bien sûr. Mais pas mal moins qu'une seule page de publicité dans un quotidien montréalais.

Le coût du recrutement pourrait être assez bas. Qu'est-ce que tu penses qui se serait passé si tu avais écrit un billet sur le blogue du film pour inviter les blogueurs répondant à vos critères à faire des billets sur leurs blogues respectifs expliquant pourquoi ils devraient être choisis? Ou encore en mettant en ligne des vidéos sur YouTube? Peut-être qu'un ou deux acteurs auraient pu être convancus d'écrire un billet? Ou encore Andrée Watters?

Non seulement ça aurait à peu près rien coûté, ça aurait encore augmenté le buzz pré-lancement. Tant sur Internet que dans les médias traditionnels qui auraient salué la nouveauté de la chose. Je n'ai aucune misère à imaginer Dominic en ondes à TVA avec une entrevue avec le distributeur qui a fait preuve d'autant d'audace.

On pourrait quand même tenter de réduire les coûts encore plus en faisant le visionnement des blogueurs tout de suite après le visionnement de presse peut-être? Ou même en même temps? Ce serait plus difficile dans ce cas-ci particulier parce que tu ne veux inciter les jeunes à manquer une demi-journée d'école mais bon... c'est le principe.

Martine a dit...

Oui, le principe est bon, en effet. Je voulais juste souligner que dans le milieu du cinéma, on a encore du chemin à faire pour convaincre producteurs et distributeurs. Mais les modèles vont changer très rapidement, du moins je l'espère. J'aurais voulu qu'on puisse rendre le blogue plus actif, avec des entrevues, des extraits vidéo, etc, mais comme je ne suis que la scénariste et que je fais ça sur mon "temps libre", c'est resté limité. L'équipe de promo s'est concentrée davantage sur les avenues traditionnelles ou les pubs sur les sites Web de cinéma. Difficile de dire si le blogue aura contribué au buzz ou non.

Je suis cependant étonnée de voir comme les pré-ados et ados ne semblent pas saisir les nuances de la navigation sur un blogue ou un site Web, en général. Dans le cas de "à vos marques", ils tombent la plupart du temps sur le blogue en googlant le titre du film. Parfois cette recherche les fait atterrir sur un billet archivé et c'est là qu'ils font le choix de laisser leurs commentaires, sans se rendre compte que "l'action" se passe dorénavant du côté du billet le plus récent. Je croyais pourtant que cette génération était remplie d'as de la navigation!