5 janvier 2006

Les médias et la mine Sago

On sait maintenant que douze des treize mineurs qui étaient pris dans la mine Sago sont décédés. L’accident qui s’est produit est une tragédie.

C’est surtout la question de la couverture des médias au cours de la soirée et de la nuit de mardi à mercredi (et les conséquences sur les journaux de mercredi matin) qui m'intéresse aujourd'hui.

La question : à qui la faute? C’est la faute de l’entreprise qui a mal communiqué? Ou c’est la faute des médias qui n’ont pas confirmé leur information avec l’entreprise avant d’aller en ondes ou de publier leurs journaux.


Et si les deux étaient dans le tort?

C’est clair dans mon esprit que les médias sont dans le tort. On ne publie pas et on ne diffuse pas une nouvelle dont la validité n’est pas coulée dans le béton. C’est la raison pour laquelle le français a un temps de verbe qui s’appelle le conditionnel et un mot "selon" qui te permet de caractériser la source de l’information.

Et je considère aussi que les médias qui tentent de se disculper se trompent.

La réponse de la Associated Press qui dit : "AP was reporting accurately the information that we were provided by credible sources -- family members and the governor. Clearly, as time passed and there was no firsthand evidence the miners were alive, the best information would have come from mine company officials, but they chose not to talk." En clair, ce n’est pas de notre faute.

C'est essentiellement dire que ce n'est pas de leur faute, c'est de la faute de leurs "fournisseurs". Je m'excuse; ce n'est pas acceptable.
"On a fait de notre mieux mais nous étions dans le champ" serait une bien meilleure réaction.

Ceux qui géraient cette crise sont aussi dans le tort. Ils ont très mal géré le tout. Considérant qu’ils opèrent une mine, on se serait attendu à ce que International Coal Group ait un plan de gestion de crise (incluant un volet portant sur les communications), que celui-ci ait été mis à jour régulièrement et que l’on ait effectué des simulations pour s’assurer que le tout fonctionnerait dans le cas où un accident comme celui-ci se produisait.

Quand on prépare un plan de communications de crise (j’ai écrit sur ce sujet ici), la première chose qu’on fait c’est dresser une liste de scénarios potentiels (en évaluant les probabilités que ça se produise ainsi que les dommages encourus).

Voici plusieurs liens d’intérêt :

David D. Perlmutter, professeur de la Louisiana State University et auteur de Policing the Media, qui dit que accuracy and relevance should become the preeminent standards of serious journalism.

Editor & Publisher qui dit: In one of the most disturbing media performances of its kind in recent years, TV news and many newspapers carried the tragically wrong news late Tuesday and early Wednesday. Soulignons que la première version du texte commençait par: “In one of the most disturbing and disgraceful media performances of this type in recent years…”

L’éditeur du Rocky Mountain News se sert d’un billet sur son blogue pour expliquer ce qu’il a fait.

Plusieurs autres réponses de medias sont ici et ici.

Howard Kurtz du Washington Post écrit “If there's been a more heart-rending and humiliating botch of a story, I can't think of it offhand,” Il dit aussi que “fault lies with the journalists (…). This was, quite simply, a media debacle, born of news organizations' feverish need to breathlessly report each development 30 seconds ahead of their competitors.”

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