17 février 2006

Est-ce que votre entreprise est prête pour le CSR?

Je profite de la publication de l’article Les communautés religieuses visent Alcan dans La Presse de ce matin pour revenir sur la question de la responsabilité sociale des entreprises (le CSR, en anglais) dont j’ai déjà parlé ici et ici.

D’abord, quelques citations de l’article :
Les communautés religieuses du Québec [du Regroupement pour la responsabilité sociale et l'éthique (RRSE)], pionnières de l'investissement éthique, poursuivent leur travail d'évangélisation... des actionnaires.
Elles lanceront plusieurs propositions au cours de la prochaine saison des assemblées annuelles, qui culminera en mars et avril. Elles viseront plus particulièrement Barrick Gold, Alcan, Bombardier, Nortel et Power Corp. (…)
Les communautés religieuses ne seront pas les seules à lancer des propositions d'actionnaires. Des groupes syndicaux, comme Bâtirente, des représentants d'actionnaires, comme le Médac (Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires) seront aussi très actifs.(…)
À l'ordre du jour des entreprises canadiennes, on trouve déjà plus d'une quarantaine de propositions d'actionnaires minoritaires, portant sur des enjeux sociaux, environnementaux et de saine gestion d'entreprise, calcule le Groupe investissement responsable (GIR).(…)
«Nous voulons favoriser la transparence et éviter la corruption», dit Laetitia Tankwe, spécialiste de l'investissement éthique pour Bâtirente et pour le fonds de pension de la CSN. (…)
Même si les propositions d'actionnaires obtiennent rarement la majorité, elles ajoutent de la pression sur les sociétés.(…)
Comme on peut le voir, les tentatives par des groupes d’intérêt d’influencer les entreprises vont devenir de plus en plus fréquentes. Un récent sondage du Center for Corporate Responsibility à l'Université de Boston nous dit que 98% des grandes entreprises croient que la responsabilité sociale des entreprises est un sujet important pour elles.

Est-ce que votre entreprise est prête?

Je suis convaincu que la très grande majorité des entreprises opérant au Québec se préoccupent peu de leur responsabilité sociale. Je réalise très bien que cette réflexion et les actions qui devraient logiquement en découler représentent un coût mais je soumets que les changements à opérer, d'une part, peuvent très bien s'intégrer aux activités normales de l'entreprises et, d'autre part, ont aussi des conséquences très positives, mesurables et payantes. J'en parle d'ailleurs dans le deuxième lien ci-haut (que je peux répéter ici).

J’ai quelques prédictions à faire sur le sujet.

  1. Les entreprises vont de plus en plus s'engager dans des projets de responsabilité sociale. Elles ne le feront pour des raisons altruistes mais parce que la pression populaire, les investisseurs institutionnels et (de plus en plus) les autorités réglementaires les forceront à le faire. (Morale: engagez-vous avant d'y être forcés.)
  2. Les conseils d'administration ont actuellement des comités de rémunération (et autres). De plus en plus, ils auront aussi un comité de responsabilité sociale ou comité des affaires éthiques.
  3. Les programmes de MBA vont continuer à donner de plus en plus d'importance au CSR. Quatre universités québécoises s'y sont déjà mises. Kellie McElhaney, la directrice exécutive du Center for Responsible Business à la Haas School of Business à l'Université de Californie — Berkeley nous apprends: “According to the latest data I’ve seen, 25 percent of our incoming students say they selected Haas based on its strength in CSR.”
  4. La suite logique de la réglementation portant sur la gouvernance d'entreprise, c'est une réglementation portant sur l'impact social. Attendons-nous à ce que l'Autorité des marchés financiers et/ou les bourses s'en mêlent.
  5. D'ici cinq ans, toutes les entreprises de placement de risque présenteront un rapport des impacts sociaux des entreprises dans lesquelles elles investissent. Les investisseurs voudront bien connaître leur rendement mais aussi les impacts environnementaux et sociaux de ceux-ci.
  6. La responsabilité sociale des entreprises fera l'objet de discussions au niveau international: je ne serais pas surpris de voir une sorte de protocole de Kyoto des impacts sociaux.

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